Éditorial INFOLETTRE N°6

Nouvelle Série Infolettre

«  LES ARTISANS DE MOUV’ART » – Épisode 1 « Être commissaire d’expo »

Fonction indispensable, pas toujours facile. Écoutons ici quelques commissaires d’expositions collectives de Mouv’ART qui nous font part de  la façon dont ils / elle, perçoivent cette tâche. La diversité de ces quatre témoignages apporte un éclairage sur la dimension et l’intérêt de ce rôle.

POURQUOI TU T’ENGAGES EN TANT QUE COMMISSAIRE SUR UNE EXPOSITION ?

  • L’aspect « Chef d’orchestre » de la naissance de l’idée jusqu’au démarrage de l’exposition, m’intéresse. C’est toujours un pari que de faire en sorte que l’exposition corresponde à l’idée initiale, thème ou problématique. J’aime cette dynamique.
  • Le thème, qui forcément m’intéresse, va donner lieu à une recherche personnelle sur le sujet, à partager avec les artistes. Et puis il y a toujours cette question fondamentale de comment l’espace va pouvoir s’organiser avec le thème et les œuvres.
  • Parce que le thème de l’expo me tient à cœur, et que je souhaite qu’il soit mis en œuvre dans la plus grande harmonie.
  • C’est avant tout la rencontre avec les artistes qui fait que je m’engage dans cette tâche.

QU’EST-CE QUI TE SEMBLE IMPORTANT ?

  • Le respect du projet par ceux et celles qui s’inscrivent, l’adéquation avec la finalité. Il faut pour cela, organiser une réunion pour élaborer le thème, le clarifier. Cela donne lieu à des échanges qui peuvent parfois faire évoluer le projet.
  • C’est à la fois mettre en valeur les œuvres, et veiller à ce qu’elles ne se détruisent pas les unes les autres. L’utilisation de la lumière qui peut affirmer ou descendre une œuvre, y a sa part. Pour mener cette cohérence, il faut, très tôt connaître les œuvres (harmonies colorées, matières) de façon à élaborer un plan d’installation, faire une maquette. Le regard du commissaire d’expo doit aussi être bien compris : il ne s’agit pas d’entrer dans le sujet des œuvres, mais d’en chercher la cohérence par la couleur, la dimension, la matière. C’est le rôle du spectateur, que d’entrer dans l’œuvre. Le rôle du commissaire est d’avoir un regard global, et d’être sur l’organisation spatiale avant d’être sur le thème. La première impression du visiteur doit être le sentiment d’harmonie et qu’il existe une ambiance. Il y a une stimulation à organiser l’espace qui t’est offert. Tu peux le modifier avec des panneaux, créer des pleins, des vides.
  • Le respect des consignes de départ, c’est la première chose à laquelle je m’attache : thème, format, éventuellement couleurs doivent absolument être respectés afin d’assurer la cohérence de l’exposition et l’équité entre les artistes qui participent.
  • Ce qui compte beaucoup pour moi, c’est d’installer les œuvres au mieux, de communiquer avec les artistes jusqu’au bout, d’animer la création de l’expo sans pour autant m’imposer.
  • Et puis il y a aussi les tâches très pratiques: recueillir les inscriptions, s’assurer que chaque participant.e est bien adhérent.e, qu’il ou elle a payé sa participation au local, fixer les dates de garde des exposants, organiser le vernissage, s’assurer que les œuvres arrivent en bon état, veiller à ce que chaque document présent dans l’expo (fiche de prix, texte qui accompagne une œuvre) soit lisible et bien présenté… Il est préférable d’être deux pour partager le travail et les décisions.

QU’EST-CE QUI EST DIFFICILE ?

  • L’accrochage est bien sûr la partie à la fois difficile et passionnante.
    Mais il y a aussi …
  • La communication : mettre l’expo en valeur, faire une affiche efficace, un visuel qui attire.
  • L’œuvre qui arrive au matin de l’installation et qui ne respecte pas les consignes… et qu’il faut refuser… Moment très difficile …
  • Quand les egos qui, particulièrement dans des lieux prestigieux, peuvent provoquer des crispations si l’emplacement de l’œuvre ne convient pas à l’artiste.

LE OU LA COMMISSAIRE D’EXPO C’EST CELUI, CELLE QUI …

  • Est attentif, attentive aux artistes qui présentent leur œuvre.C’est beaucoup d’écoute.
  • Organise l’espace. Il faut avoir conscience du volume dans lequel tu es : entre la Galerie des Glaces et un cagibi, tu as des choix multiples à faire, et tu peux mettre ton expo en péril si tu ne fais pas les bons.
  • Porte la responsabilité de l’exposition, du résultat final, de la qualité des œuvres, de l’accrochage.
  • Aime être surpris.e, surprendre, bouger les lignes.

Ces propos ont été recueillis auprès de Patricia Lamouche, Dany Ponnelle, Bernard Rousseau et Marius Rech. Merci à elle et eux.

Michèle Vannini